Et non ce n'est pas un requin

Un « saumon des dieux » mangeur de méduses au large de Cannes

Présent dans toutes les mers tropicales ou tempérées du globe, le lampris guttatus, friand de méduses, était jusqu'à présent très rare en Méditerrannée. Mais en 10 ans, 23 spécimens ont été recensés ou capturés sur les côtes françaises. : Photo Hervé Delattre
Un poisson orange d'un mètre de long dans le port de l'île de Saint-Honorat, au large de Cannes... c'est le plaisancier Hervé Delattre qui, voilà quelques jours, a donné l'alerte au musée océanographique de Monaco. A partir de ses photos, les spécialistes ont pu identifier le spécimen : « Il s'agit d'un « saumon des dieux » ou lampris guttatus de son nom scientifique », affirme Pierre Gilles, responsable de l'aquarium du musée. L'espèce aux nageoires rouges, présente dans toutes les mers tropicales ou tempérées du globe, était jusqu'à présent très rare en Méditerranée. « Dans la littérature scientifique, seuls trois spécimens avaient été identifiés sur les côtes françaises depuis la fin du XIXe siècle. Or, en 10 ans et surtout depuis 2008, 23 spécimens ont été observés ou capturés, dont 7 dans les Alpes-Maritimes », précise Patrice Francour, directeur du laboratoire Ecomers à l'université de Nice-Sophia Antipolis. Jusqu'à 270 kilos Ce spécialiste du milieu marin, qui vient de rédiger un article sur ce sujet dans une revue scientifique, s'interroge. Les captures plus fréquentes seraient-elles dues aux nouvelles techniques de pêche ? « Il n'y a pas de raison de penser que l'on pêche plus aujourd'hui sur nos côtes qu'il y a 10 ou 20 ans », explique Patrice Francour. Cette présence pourrait-elle être due au réchauffement climatique ? C'est l'hypothèse qu'il semble privilégier. Il y aurait ainsi plus de « saumons des dieux » en Méditerranée, du fait de migrations ou d'un accroissement du nombre de spécimens. Un phénomène encouragé par l'invasion de méduses, sachant que le poisson orange est très friand de ces invertébrés. A l'âge adulte, ce saumon peut atteindre 2 mètres et peser jusqu'à 270 kilos ! « On aurait dit qu'il volait » S'il vit généralement au large, entre 100 et 400 mètres de profondeur, le poisson observé à l'île Saint-Honorat nageait en surface. « Au départ, j'ai cru que c'était un objet téléguidé. Il allait et venait sans cesse. Puis, je l'ai vu au ras de l'eau, avec son aileron dorsal dehors. Par moments, il sortait ses nageoires à la verticale. On aurait dit qu'il volait », raconte Hervé Delattre. Débute alors une polémique avec d'autres plaisanciers, qui s'arment de gaffes : « Heureusement, il a réussi à sortir du port sans se faire harponner. » Il faut dire que la chair de ce poisson est très appréciée ! Des alertes de pêcheurs ou de plaisanciers comme celle-là, le musée océanographique de Monaco en reçoit régulièrement. S'il s'agit souvent d'espèces banales, elles peuvent parfois concerner des spécimens rares, comme ce saumon des dieux, encore peu courant en Méditerranée... jusqu'à preuve du contraire.

Tanja Stojanov Nice-Matin

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